Tout comme les particuliers, les entreprises françaises se préparent à voir bondir leurs factures énergétiques en 2023. Alors, pour être en mesure d’encaisser le choc, certaines d’entre elles ont pris les devants en annonçant une réduction de leur activité.
A savoir
Le groupe sidérurgique Ascometal a été le premier à communiquer sur des interruptions de production programmées à la fin de l’année sur ses sites industriels de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et de Hagondange (Moselle). Conséquence : une partie des 1 200 salariés pourraient être placés en chômage partiel(1). « Normalement, au mois d'août, on paie notre électricité 50 euros le mégawattheure (MWh), explique au Parisien(2) Hervé Hansen le directeur de l'usine de Fos-sur-Mer. Là, ça dépasse 850 euros… ».
Quelques jours plus tard, par la voix de son PDG José-Luis Llacuna, la verrerie Duralex lui a emboîté le pas en annonçant suspendre l'activité de ses fours à compter du 1er novembre « pour une durée de 4 mois minimum » dévoile le dirigeant. Et de poursuivre : « Le coût de l'énergie représente 40 % de notre chiffre d'affaires, c'est impossible de continuer à produire(3)
Les TPE et PME particulièrement inquiètes
Si, à l’image d’Ascometal et de Duralex, d’autres grands groupes français devraient très bientôt annoncer des mesures similaires, de leur côté, de nombreuses PME et autres TPE redoutent d’être carrément contraintes à mettre la clef sous la porte.
Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB), a ainsi prévenu dans un entretien accordé à France Info(4) que face à l’augmentation des prix de l’énergie couplée à celui des matières premières, le secteur du BTP « ne pourra pas continuer à travailler comme ça ».
En parallèle, la deuxième enquête menée par CMA France – qui réunit les chambres de métiers et d'artisanat – a récemment dévoilé que 44 % des entreprises artisanales considéraient que la hausse des prix et les difficultés d'approvisionnement qu'elles subissent actuellement pourraient, à terme, compromettre leur activité.
Autre enseignement tiré de cette étude : 60 % des répondants disent être « inquiets », voire « très inquiets », de l'évolution de la situation. Certes, 40 % assurent dans le même temps rester « optimistes », mais 33 % d'entre deux relativisent cette confiance dans l'avenir à cause des incertitudes du moment.
Baisse des marges, remise en cause des modèles économiques…
Dans le détail, l’étude révèle qu’un chef d’entreprise sur deux (49 %) pointe la hausse des prix de l’énergie et/ou des carburants comme principale difficulté actuelle, devant les problèmes liés aux prix et à l’approvisionnement en matières premières (21 %).
Pour les chefs d’entreprise signalant une envolée des coûts de l’énergie, les principales répercussions sur leur activité sont une baisse des marges (pour 86 % d’entre eux) et une augmentation des prix de vente (22 %). Dans le même temps, 71 % des dirigeants déclarant ressentir une hausse importante des coûts de l’énergie, 52 % disent remettre en cause leur modèle économique en raison de la situation actuelle (soit 37 % de l’ensemble des personnes interrogées). Parmi eux, 48 % indiquent qu’ils se posent la question du maintien de leur activité du fait de la hausse des prix de l’énergie (soit 18 % des dirigeants interrogés).
Les solutions prônées ou mises en place par les chefs d’entreprise
Pour se prémunir des augmentations des prix de l’énergie et des carburants, un tiers des dirigeants de TPE/PME déclarent avoir acquis depuis 2021 des équipements ou véhicules économes, ou prévoient de le faire prochainement. Ils restent toutefois nombreux à pointer des prix élevés comme principal frein à leur acquisition.
Bon à savoir
Jusqu’au 1er janvier 2023, le montant de l’aide de l’État pour l’achat d’un véhicule utilitaire léger (VUL) 100 % électrique s’élève à 40 % de son prix d’acquisition (TTC) dans la limite de 5 000 euros pour une entreprise. Concernant la prime à la conversion pour les VUL hybrides et dont l’autonomie équivalente en mode tout électrique en ville est supérieure à 50 kilomètres, elle s’élève à 40% du prix d’acquisition dans la limite de 5 000 euros pour les véhicules de moins de 1 305 kg (classe I), à 40 % du prix d’acquisition dans la limite de 7 000 euros pour les véhicules entre 1 305 et 1 760 kg (classe II) et à 40 % du prix d’acquisition dans la limite de 9 000 euros pour les véhicules de plus de 1 760 kg (classe III).
Toujours selon l’étude menée par menée par CMA France, les dirigeants, pour limiter les hausses des prix, privilégient comme solution une baisse de fiscalité plutôt qu’une aide financière. Enfin, 56 % d’entre eux considèrent que la hausse de l’énergie et des carburants ne s’arrêtera pas.
Quid des différentes mesures prévues par l’État ?
Face à l’explosion des prix de l’énergie, l’État prévoit certaines mesures afin d’aider les entreprises à encaisser le choc. Par exemple, l’allègement de la Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d’Électricité (TICFE) – qui devrait permettre des économies de plusieurs centaines de millions d’euros sur la consommation d’énergie des industriels – ainsi qu’une meilleure compensation des coûts indirects du carbone sur l’électricité.
Enfin, la possibilité pour les entreprises de conclure des contrats d’énergie à long terme est à l’étude. Reste à savoir si ces mesures seront suffisantes sur le court terme.
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1) Source : L’Express, 2/09/22.
2) Source : Le Parisien, 01/09/22.
3) Source : France Info, 2/09/22.
4) Source : France Info, 10/09/22.