Qu’est-ce que la compensation carbone ?

Les entreprises disposent de trois principaux leviers d’actions pour atteindre les ambitions de l’Accord de Paris.

Le premier consiste à éviter, en amont de toute activité, la dégradation de l’environnement (choix du site de construction/d’exploitation en préservant les milieux naturels, choix de techniques à émissions nulles de CO₂…).

Le deuxième est celui de la réduction de leurs émissions n’ayant pas pu être suffisamment évitées, par une transformation profonde de leur modèle économique tout au long de leur chaîne de valeur : les approvisionnements, les processus de production et de distribution, les énergies utilisées, la conception des produits et des services qu’ils mettent sur le marché.

Le dernier levier consiste à compenser les émissions de gaz à effet de serre n’ayant pu être ni évitées, ni réduites. La compensation carbone implique, pour une entreprise, de contrebalancer ses propres émissions de CO₂ par le financement de projets de réduction d'autres émissions ou de séquestration de carbone.

Concrètement, comment cela se décline-t-il ?

Les entreprises désireuses de se lancer dans une démarche de compensation carbone utile et fiable devront, selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (l’Ademe), respecter successivement les étapes suivantes :

  • Réaliser et rendre public leur bilan des émissions de gaz à effet de serre,
  • Choisir des projets de compensation labellisés par des organismes habilités,
  • Privilégier le financement de projets présentant des approches dites de « développement durable »,
  • Faire preuve d’intérêt équitable envers des projets nationaux et internationaux,
  • Communiquer de manière responsable.

Les projets de compensation carbone peuvent prendre différentes formes :

  • projets d’énergies renouvelables consistant à substituer l’énergie fossile (charbon, pétrole, gaz) par une source d’énergie renouvelable dite énergie propre à l’instar de la production d’électricité à partir de panneaux solaires photovoltaïques, de parcs éoliens, d’énergie géothermique… ;
  • projets d’efficacité énergétique visant à réduire la consommation d’énergie, entre autres : l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments par la rénovation ou la construction de bâtiments intégrant des systèmes d’économie d’énergies (équipements à basse consommation d’énergie, renforcement de l’isolation, recours aux énergies renouvelables pour l’électricité…) ; le covoiturage en réduisant le nombre de véhicules dans la circulation limitant ainsi la pollution ; la multiplication des véhicules électriques dans le transport ;
  • projets de valorisation des déchets pour la fabrication de combustibles décarbonés tels que les biogaz et les biocarburants ;
  • projets agroforestiers à travers le reboisement et protection des forêts existantes soumises à un fort risque de déforestation, favorisant ainsi l’absorption et le stockage du CO₂ émis dans l’atmosphère.

Compensation versus réduction : si je compense, ai-je vraiment besoin de réduire ?

La réponse est oui ! « La compensation carbone, si elle ne s’accompagne pas d’une réduction d’émissions de CO₂, ne nous sauvera pas », explique l'ONU Environnement. L'organisation met effectivement en garde contre le danger de passer directement à la case « compenser », sans avoir d'abord réduit ses émissions, la compensation étant théoriquement réservée aux émissions réellement incompressibles.

A titre d’exemple, certaines compagnies aériennes et certains groupes pétroliers multiplient les financements de projets de réduction ou de séquestration de CO₂ hors de leur périmètre d'activité (ex : planter des arbres ou installer des éoliennes), sans pour autant réduire leur empreinte carbone, ce qui, pour l'ONU Environnement, est en quelque sorte un « moyen de passer inaperçus » pour les pollueurs…

Source : Directions de la Communication et de la RSE de Crédit Agricole S.A.