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Faut-il croire les hirondelles ?

1 min 30s

Les records ne sont-ils pas faits pour être battus ? La performance n’est pas que l’apanage du sportif. Elle s’inscrit aussi dans l’histoire des marchés financiers. À l’heure où de nombreux « thermomètres boursiers » dépassent des sommets, la question sur la trajectoire des indices pour les mois à venir se pose. La tentation de poursuivre le trait, quitte à sortir du cadre, est bien là ! Les investisseurs se complaisent-ils dans un optimisme printanier à la veille des Jeux olympiques ?

Frédéric Collorafi Membre du Comité d’investissement et de la Direction de la gestion de portefeuille LCL

La machine est lancée. Quand va-t-elle s’arrêter ? De l’optimisme à l’euphorie il n’y a qu’un pas… mais ce pas fait toute la différence. S’interroger sur les déterminants de ce marathon bousier devrait, à coup sûr, nous éclairer sur la forme de la courbe à venir.

Croissance désynchronisée

Commençons par l’environnement économique. Le terreau y est plus fertile à certains endroits. Beaucoup d’économistes ont été surpris par la résilience de l’économie américaine. Brosser un tableau trop optimiste de la situation serait trompeur. Certains ménages américains, les plus fragiles, voient leurs encours de cartes bancaires faire défaut. Pour autant, le marché de l’emploi reste encore solide. Le consommateur américain sera-t-il encore longtemps au rendez-vous ? La croissance est plus atone de notre côté de l’Atlantique. La faute à probablement moins de relance budgétaire. Les Américains n’ont pas regardé à la dépense. L’Inflation Reduction Act représente le plus gros investissement dans la lutte contre le changement climatique aux États-Unis. Des capitaux sont directement injectés dans le tissu entrepreneurial américain. Aussi, la désynchronisation de la croissance devient à nouveau une réalité. Elle prend davantage forme lorsque les regards se tournent vers la Chine et son secteur immobilier. Une cause perdue ? La réponse porte des accents pour partie idéologiques. Elle sera déterminée par la volonté du gouvernement chinois à soutenir massivement ce secteur et à relancer la consommation des ménages sous contrainte d’une dette qu’il souhaite contenir.

Une désinflation lente mais réelle

L’exploit américain se matérialise aussi sur un plan microéconomique. Les publications d’entreprises s’y sont révélées meilleures sur le dernier trimestre de 2023. Pour autant, les sociétés européennes n’ont pas dit leur dernier mot. Elles se sont aussi distinguées grâce à une bonne résistance des marges et à une génération de liquidités soutenue qui alimente la croissance des dividendes et les programmes de rachats d’actions.

Sauf choc exogène, le processus de désinflation ne semble désormais plus remis en cause dans les économies occidentales. Le dernier kilomètre est le plus ardu.

L’atteinte de l’objectif des 2 % mettra plus de temps que prévu et la trajectoire ne sera pas linéaire. L’objectif pourra-t-il se mouvoir en plancher pour la suite ? La Banque centrale européenne a déjà alerté sur les risques de maintenir des taux trop élevés trop longtemps. Déjà, les investisseurs tablent sur un premier mouvement en juin. La Réserve fédérale américaine, qui avait, dès la fin de l’année dernière, annoncé son souhait de faire pivoter sa stratégie de politique monétaire vers plus d’accommodation pourrait être gênée par la résilience de son économie. Difficile pour elle de remettre à l’automne une première baisse de peur d’être accusée d’ingérence à l’élection présidentielle. Le sens prime la date. L’investisseur reste fondamentalement convaincu que le prochain mouvement ouvrira la voie à d’autres baisses. Sans nul doute, tout ceci entraînera des répercussions sur la rémunération des fonds monétaires. Ces derniers avaient drainé des flux colossaux l’année passée. La baisse progressive des rendements de ces actifs devrait conduire une partie des détenteurs – les moins adverses au risque – à aller chercher davantage de performance sur des titres plus risqués à l’instar des marchés d’actions.

Emballement autour de l’IA

L’environnement économique est indubitablement l’une des clés de ce mouvement haussier. Mais l’analyse de la composition des indices révèle aussi une partie de la réponse. La très forte concentration en 2023 a laissé place à plus de sélectivité au sein des premières capitalisations. Le thème de l’Intelligence artificielle continue d’attirer des capitaux. Une mode pour les investisseurs ? La folie des valeurs technologiques des années 2000 est-elle de retour ? Les marchés : un éternel recommencement où l’on n’apprend pas de ses fautes ? L’emballement semble davantage justifié. Les valorisations sont tout autres. Désormais, les entreprises génèrent des bénéfices. La composition des indices a évolué depuis les années 2000 ce qui rend la comparaison malaisée. L’Intelligence artificielle crée dès aujourd’hui de la valeur. Elle laisse entrevoir de réels gains de productivité dans de multiples domaines. La difficulté pour l’investisseur réside dans sa capacité à sélectionner les entreprises qui profiteront de ce changement. Aussi, il s’agira de définir celles qui seront capables de poursuivre durablement leur trajectoire de croissance des bénéfices.

Vers une performance mieux partagée ?

La hausse des indices actions masque évidemment de fortes disparités de performances en termes de secteurs, de valeurs, de tailles de capitalisation et au travers des zones géographiques. De nombreux actifs n’ont pas ou peu profité de cette dynamique. Des opportunités sont au rendez-vous au sein des marchés d’actions mais pas que… Le marché obligataire pourrait à la fois profiter d’un mouvement de détente sur les taux d’intérêt et jouer, à nouveau, son rôle diversifiant dans les portefeuilles. L’analyse approfondie sera créatrice de valeur. Après de nombreuses années de sous-performance face aux indices, la gestion active pourrait retrouver la faveur des investisseurs. La progression du marché ne serait plus portée par une poignée d’entreprises. La participation à la hausse pourrait désormais s’étendre à des titres moins plébiscités par les investisseurs ces dernières années.

Toujours des opportunités

Les records poussent aujourd’hui les investisseurs à faire preuve de plus de clairvoyance.

L’ébauche de la trajectoire des marchés repose sur le postulat que l’inflation restera maîtrisée. Bien que difficilement prévisible, l’élément exogène conduisant les prix sur une pente ascendante n’est pas pris en compte par les intervenants de marché.

La désynchronisation de l’activité économique entre les États-Unis, l’Europe et la Chine nécessite des approches monétaires distinctes avec à la clef des évolutions sur les changes. La structure de certains indices très concentrés sur certaines « méga » capitalisations boursières conduira à rester attentif à l’évolution de ces valeurs. Le risque de démantèlement, au regard de leur position dominante, invite d’autant plus à l’attention que leur valorisation, sans être excessive, se justifiera à l’aune de la poursuite de leur croissance bénéficiaire.

Ces sujets peuvent conduire à l’émergence d’épisodes de volatilité, d’autant plus que l’environnement géopolitique (conflits en cours et nombreuses élections à venir) laisse peu de place à la sérénité. Pour autant, les facteurs de soutien aux marchés sont nombreux et puissants. Ils continuent à créer des opportunités notamment sur les sociétés qui sont capables de restituer, de manière pérenne, à leurs actionnaires, une partie de leurs actifs au travers du versement de dividendes.

Les entreprises qui profiteront de la diffusion du thème de l’intelligence artificielle devraient, elles aussi, continuer à attirer les capitaux. Les obligations d’entreprises de bonne qualité seront les plus immunes de défauts si jamais l’environnement économique venait à s’assombrir.

La période est particulièrement propice à l’adoption d’une réelle discipline d’investissement.

La gestion de son épargne sur les marchés financiers doit s’entendre sur le long terme. La sélection et l’agilité dans ses choix de placements seront déterminantes pour finir sur le podium de la création de valeur !

Achevé de rédiger le 3 avril 2024