Organisation de la vie quotidienne : de la maîtrise aux inégalités
Le temps au coeur de la vie des urbains et encore davantage des urbaines
En général, en semaine, les urbains se lèvent tôt (7h04) et se couchent tard (22h44) avec un rythme assez similaire entre les hommes et les femmes (6h59-22h49 pour les hommes et 7h09-22h39 pour les femmes). En revanche, les femmes prennent leur déjeuner, en moyenne, plus tard que les hommes (12h32 contre 12h25) et rentrent plus tard du travail (18h05 contre 17h58).
Crise sanitaire ou non, les urbains se sentent dans la grande majorité, bien organisés dans leur vie quotidienne (87%) et en maîtrise de leurs temps (80%) Un sentiment qui n'a pas connu d'évolution depuis 2020.
Cependant, les femmes disent que le temps court en ville, que les journées sont "speed". Le temps passé à courir, à aller d'un point à un autre (et le temps passé dans les transports peut être long), confèrent au quotidien une dimension particulière. Au cours d'une semaine normale, 71% des urbains ont régulièrement le sentiment de manquer de temps (74% des femmes et 68% des hommes). Un chiffre en baisse depuis janvier 2019, qui était de 73%.
29% des urbains déclarent avoir l'impression de manquer souvent de temps, avec certaines différences marquées. En effet, le sentiment de manquer fréquemment de temps ne concerne pas tout le monde de la même façon : il touche davantage les femmes (31%) mais surtout les jeunes (37% des 18-24 ans) et les actifs, en particulier les catégories socio-professionnelles supérieures (39%).
Si on leur demande à quoi est-il le plus important de consacrer du temps, les urbains sont presque unanimes (90%) pour le temps accordé à leurs proches, leurs familles (91% pour les femmes). Un pourcentage également élevé concernant le travail, puisque 3/4 des urbains interrogés le cite.
La pandémie a-t-elle opéré un changement en profondeur dans le rapport au temps ? Les urbains ont tendance à penser que oui étant ceux pour qui elle a déclenché une prise en compte plus grande de l'optimisation, et donc, du temps passé à prendre du temps pour soi comme pour les autres. La moitié des interrogés (50%) consacrent plus de temps à leurs familles (54% des femmes et 45% des hommes). Le constat est le même pour le travail avec 39% des urbains qui déclarent y consacrer plus de temps (35% des femmes et 41% des hommes).
Concernant leur équilibre de vie actuel, les urbains se déclarent toujours largement satisfaits, qu’il s’agisse du temps de qualité passé avec leurs enfants (51%), avec leurs conjoints (52%) ou du temps consacré rien qu'à eux (52%). On peut noter que les femmes indiquent plus souvent que les hommes rencontrer des difficultés à trouver l'équilibre dans leur vie quotidienne. Par exemple, 89% des hommes jugent que leur équilibre de vie leur permet de passer du temps de qualité avec leur conjoint contre 76% de femmes.
De manière générale, les urbains estiment qu'il est plus facile d'organiser sa vie quotidienne lorsqu'on habite en ville sans non plus élever leur mode de vie comme un modèle de simplicité et sans différence majeures entre les hommes et les femmes. Sur les personnes interrogées, 4 sur 10 pensent qu'il est plus facile de réussir à organiser sa vie quotidienne en ville qu'à la campagne, avec des hommes (41%) et des femmes (39%) qui se rejoignent sur ce point.
Au sein du couple, une organisation du temps inégale
Qu'il s'agisse de s'occuper des enfants, prendre du temps pour les proches, consacrer du temps au travail ou prendre du temps uniquement pour soi, la répartition des tâches ménagères semble être bien répartie au sein des couples d'urbains puisqu'une majorité considère consacrer ni plus ni moins de temps que leur conjoint à ces différentes activités.
Près d'une femme sur deux (47%) estime accorder plus de temps à ses enfants que leurs conjoints.
Concernant la répartition des tâches au sein du foyer, hommes et femmes ont des visions assez différentes : les femmes ont beaucoup plus le sentiment que les différents aspects de l'organisation leur reviennent, quand les hommes ont plus l'impression que les tâches sont bien réparties. Par exemple : les courses (53% des femmes alors que 49% des hommes pensent cette tâche répartie), l'agenda du foyer (57% des femmes se disent en charge de cette tâche tandis que près de la moitié des hommes (51%) pensent cette gestion équilibrée).
La perception est la même pour la gestion des enfants. Tandis que 47% des femmes disent s'occuper de l'accompagnement aux activités (sorties, goûters, anniversaires, etc...) 56% des hommes jugent cette tâche bien répartie ; même constat pour l'aide aux devoirs (51% des femmes contre 48% des hommes).
Ils se rejoignent néanmoins sur certaines points : gestion du bricolage (68% des hommes estiment que cette tâche leur incombent et 61% des femmes désignent leur conjoint) ou du linge (56% des hommes désignent leur femme et presque les 3/4 femmes (72%) s'estiment en charge de cette tâche).
En somme, malgré des tâches qu'hommes et femmes perçoivent comme différemment réparties au sein du foyer, le sentiment majoritaire est à l'équilibre... dans une certaine mesure car les femmes indiquent tout de même plus souvent le sentiment d'un déséquilibre à leur désavantage.
Aujourd'hui, les urbains ambitionnent un renversement des préjugés et des traditions concernant la répartition des tâches et des compétences entre les hommes et les femmes. Quelles seraient donc les solutions à développer en priorité afin d'améliorer l'équilibre des tâches quotidiennes ? Une meilleure éducation sur le partage des tâches au sein du foyer, pour près de la moitié des urbains interrogés (42%) ; un changement d'habitudes de la part de la société qui s'adresse le plus souvent aux femmes sur certains sujets (40%) mais aussi une meilleure éducation au lâcher prise, à faire confiance à l'autre, notamment pour les femmes (35%).
Certaines jeunes femmes évoque un besoin de contrôle très fort, et peinant à déléguer, se résignent parfois à devoir en faire beaucoup. Pour elles, le problème de la répartition des tâches et de la "charge mentale", largement relayé par les médias ces dernières années, est un vrai sujet de société : les comportements sont très ancrés, il y a encore du chemin à faire...