Duel entre Dylan Teuns et Giulio Ciccone
Pour la première fois depuis que le Tour de France a découvert la Planche-des-Belles-Filles, une échappée est parvenue à aller jusqu'au bout. Pour être plus exact, deux rescapés d'une échappée de 14 coureurs ont réussi à tenir tête au peloton pour se disputer la victoire. La désormais mythique montée de Massif vosgien est encore plus terrible cette année avec sa prolongation de 1100 mètres, dont près de 800 mètres ne sont pas bitumés et ses 300 derniers mètres sont à 20% de pente moyenne avec un passage à 24%.
Après avoir lâché tous leurs compagnons à la pédale, le duo italo-belge se livre à une belle explication. Alors que l'Italien semble bien parti pour l'emporter, c'est finalement Dylan Teuns qui reprend les devants au plus fort de la pente pour arriver le premier en haut. Très déçu sur la ligne, Giulio Ciccone se consolera en montant sur le podium pour endosser le Maillot Jaune LCL.
Julian Alaphilippe rend le Maillot Jaune en combattant
Revenu sur les derniers hommes intercalés dans la dernière ascension, le peloton assiste alors à une première attaque de Warren Barguil, vite dépassé par Mikel Landa. Son Maillot Jaune menacé par les deux hommes encore devant, Julian Alaphilippe place à son tour une attaque explosive. Mais il est rejoint par Geraint Thomas et Thibaut Pinot qui le devancent sur la ligne. À l'arrivée, il manque 6 secondes au Numéro un mondial pour empêcher Giulio Ciccone de le déposséder du Maillot Jaune.
Le Français rétrograde à la deuxième place du classement général devant le vainqueur du jour, Dylan Teuns. En toute discrétion et bénéficiant encore de sa victoire dans le contre-la-montre par équipe George Bennett fait son apparition au pied du podium. Il réalise une meilleure ascension mieux que son leader, Steven Kruijswijk qui rétrograde à la 8ème place. Geraint Thomas, Egan Bernal et Thibaut Pinot sont en embuscade aux 6ème, 7ème et 8ème positions.
Romain Bardet en perdition
En difficulté dans la montée finale, Romain Bardet accuse désormais un retard de 2mn57sec qui paraît rédhibitoire pour espérer encore jouer le classement général. L'Auvergnat va peut-être devoir redéfinir ses objectifs et viser une victoire d'étape et ensuite, pourquoi pas, un maillot de meilleur grimpeur. Dans une moindre mesure, Vincenzo Nibali et Richie Porte n'ont pas pesé sur la course. Ils ont concédé de précieuses secondes. Le duo Nairo Quintana - Mikel Landa se retrouve à peine mieux à 1mn41sec et 1mn43sec. Un écart trop ténue pour designer définitivement qui sera le leader de l'équipe. L'Espagnol aura au moins eu le mérite d'attaquer.
Si rien n'est encore joué, cette arrivée à la Planche-des-Belles-Filles aura permis d'avoir un premier aperçu des forces en présence. Elle a aussi révélé les faiblesses de beaucoup. Lors de chacune des éditions précédentes du Tour de France où une étape était jugée sur ce col, le porteur du Maillot Jaune a remporté l'épreuve à la fin des trois semaines de course. Une victoire finale de Giulio Ciccone à Paris serait une énorme surprise pour tout le monde mais la course semble tellement ouverte qu'il n'est interdit à personne de rêver !
L'anecdote du jour
Pas de Tour sans un Maillot Jaune pour le Blaireau
Tout le monde le sait. Bernard Hinault fait partie avec Jacques Anquetil, Eddy Merckx et Miguel Indurain du club très fermé des quintuples vainqueurs du Tour de France. Mais le Blaireau, surnommé ainsi en référence à sa hargne sur le vélo, détient seul un autre record. Celui d'avoir porté le Maillot Jaune sur huit Tours de France différents. Mieux encore, comptabilisant huit participations au total, le Breton a porté le Maillot Jaune à chacune de ses présences sur l'épreuve. En plus des cinq fois où il l'a porté jusqu'à Paris, Bernard Hinault a endossé la tunique jaune durant trois autres éditions du Tour de France sans remporter la victoire finale. En 1980, il le conquit dès le prologue avant de le rendre à l'issue de l'étape suivante. Il le reprend après le contre-la-montre de la 11ème étape. Mais un genou douloureux le contraint à l'abandon au soir de la 12ème étape. Il quitte le Tour en larmes avec le Maillot Jaune sur les épaules. En 1984, il s'empare du Maillot Jaune dès le prologue. Il ne le portera qu'une seule journée et s'inclinera devant son ancien coéquipier, Laurent Fignon. En 1986, il termine également deuxième après 5 jours en jaune et 3 victoires d'étape. Il était alors au service du vainqueur, Greg Lemond qui l'avait bien aidé à conquérir sa 5ème victoire sur le Tour l'année précédente. Un échange de bons procédés en quelque sorte.