Beaucoup de candidats à l'échappée, peu d'élus
Dès le départ réel donné, de nombreux coureurs tentent de s'échapper dans l'espoir de former un groupe de baroudeurs capables de se disputer la victoire à Colmar. Mais deux équipes ne l'entendent pas de cette oreille. Les hommes de Peter Sagan et ceux de Michael Matthews filtrent et empêchent la plupart des coureurs de sortir.
Contre toute attente, c'est donc un groupe de seulement quatre coureurs qui se retrouve à l'avant. On aurait pu s'attendre à en trouver cinq fois plus. Pire encore, le peloton, toujours emmené par les deux mêmes équipes, gère l'écart avec l'échappée comme sur une étape de plaine dévolue aux sprinteurs ! Le maillot à pois, Tim Wellens a été autorisé à aller chercher les points sur les sommets du jour. Il est accompagné de Tom Skujins, Mad Würtz et Simon Clark.
La main-mise de Peter Sagan
Les choses sont désormais claires. Peter Sagan et Michael Matthews ont de grandes ambitions sur cette étape. Leurs deux équipes unissent leurs efforts pour à la fois contrôler l'écart avec les échappés mais également faire lâcher prise aux purs sprinteurs rebutés par le moindre dénivelé. C'est dans la dernière montée que l'opération leur assène le coup de grâce. Un gruppetto de grosses cuisses se forme à l'arrière avec notamment le vainqueur de la veille, Elia Viviani mais aussi Alexander Kristoff, Dylan Groenewegen ou Andre Greipel.
Devant Tom Skujins est le dernier à résister au peloton. Mais tout espoir est vain. C'est un peloton groupé et assez consistant qui descend prudemment sur Colmar. Ce n'est pas le scénario qu'on aurait imaginé avec ce profil mais la course est parfaitement cadenassée. L'ancien Champion du monde, Rui Costa tente crânement sa chance durant quelques instants mais il sera repris à 2 kilomètres de l'arrivée.
Les deux instigateurs de l'opération du jour connaissent des réussites diverses.
C'est un succès total pour Peter Sagan qui remporte l'étape d'une longueur sur Wout Van Aert suivi de Matteo Trentin. Pour Michael Matthews, septième, c'est une déception. Avec cette victoire, Peter Sagan conforte sa première place au classement par points qu'il domine depuis la troisième étape. Le Slovaque ambitionne cette année de rapporter le maillot vert à Paris pour la septième fois de sa carrière. S'il y parvenait, il battrait le record de six victoires détenu par l'ancien coureur allemand, Erik Zabel.
Thibaut Pinot a une Planche dans le dos
La Sixième étape du Tour de France 2019 s'annonce comme un rendez-vous incontournable dans la lutte pour le classement général. Avec la désormais classique arrivée à la Planche des Belles-Filles, il sera impossible pour les favoris de rester cachés. La version inédite et prolongée de l'ascension proposée cette année rend la décision finale encore plus indécise.
Le public français attend beaucoup du régional de l'étape, Thibaut Pinot. Mais ses adversaires vont le surveiller de très près. Ce n'est pas une pancarte qu'il aura dans le dos comme on a l'habitude de dire pour désigner le grand favori d'une étape, c'est une Planche ! Mais à cœur vaillant rien d'impossible. Dans un autre registre, Julian Alaphilippe a répondu présent pour aller remporter une étape dont il était le grand favori. À défaut de gagner, il faudra au moins perdre le moins de temps possible. Ce sera également la très délicate mission de Julian Alaphilippe s'il veut poursuivre son bail avec le Maillot Jaune. Maillot à pois sur le dernier Tour de France, le Français est un grimpeur plus qu'honnête mais il s'est toujours montré un cran en dessous des purs grimpeurs. Les ascensions longues ne lui réussissent pas. Mais la saison exceptionnelle qu'il réalise et le public acquis à sa tunique jaune pourrait peut-être le transcender ?
L'anecdote du jour
Ils ont porté le Maillot Jaune du début à la fin
Depuis sa création en 1919, trois coureurs ont réussi l'exploit de porter le Maillot Jaune de la première à la dernière étape. L'Italien Ottavio Bottecchia est le premier d'entre eux en 1924. Cette année-là, le Tour de France se courrait en seulement 15 étapes mais son parcours était de 5425km (contre 21 étapes et 3460km en 2019). On vous laisse imaginer la longueur des étapes ! Le Luxembourgeois Nicolas Frantz réitère l'exploit 4 ans plus tard en 1928 après avoir déjà remporté la Grande Boucle en 1927. En 1935, le Belge Romain Maes, bien aidé par un passage à niveau sur la première étape, ne laissera également personne d'autre porter le Maillot Jaune jusqu'à la dernière étape. En quatre participations ce sera l'unique Tour qu'il terminera. Ce qui ne l'empêchera pas de porter à nouveau le Maillot Jaune pendant seulement une journée en 1939.
Jacques Anquetil pourrait presque entrer dans ce palmarès avec son Tour de France 1961. Lors de cette édition, la première journée de la course qui partait de Rouen était divisée en deux demi-étapes. André Darrigade remporta la course du matin mais Maître Jacques pris le pouvoir dès l'après-midi pour ne plus le rendre jusqu'à l'arrivée à Paris.