Thibaut Pinot en larmes
Après l'Izoard et le Galibier en levé de rideau, le triptyque alpin se poursuit sur les pentes du col de l'Isrean (12,9km à 7,5%) avant de descendre vers Val-d'Isère et de rejoindre ensuite Tignes, la ville-étape après une montée de 7,4 kilomètres à 7%. En entrée de cette étape qui s'annonçait savoureuse, il faut déjà passer trois cols de 3ème et 2ème catégorie. Les attaques fusent dès le départ. Pello Bilbao, Vincenzo Nibali, Jesus Herrada et Dan Martin seront bientôt rejoints par un groupe plus important portant l'effectif à 27. Mais c'est à l'arrière qu'un premier événement se déroule.
Cinquième du général, le Français se laisse glisser jusqu'à la voiture médicale où il reçoit des soins. Il repart avec peine et se laisse à nouveau descendre jusqu'à la voiture de son équipe. Handicapé par une déchirure musculaire à la cuisse gauche, il ne parvient pas à revenir sur le peloton qui s'éloigne inexorablement. En larmes, il pose pied à terre après une dernière embrassade avec son coéquipier William Bonnet.
La remontada d'Egan Bernal
C'est donc sans Thibaut Pinot que le Tour de France 2019 se poursuit en direction de son plus haut sommet, l'Iseran. Le groupe de tête s'étiole dès les premières pentes du col sans avoir pu prendre beaucoup d'avance sur le peloton des leaders. Warren Barguil sera le premier à s'isoler devant. Mais l'équipe d'Egan Bernal et de Geraint Thomas imprime un gros rythme à un groupe qui ne compte plus qu'une dizaine d'unités. Le Maillot Jaune, Julian Alaphilippe lâche prise. C'est le but de la manœuvre.
Geraint Thomas attaque ensuite à 7 kilomètres du sommet sans parvenir à lâcher ses autres adversaires. Un kilomètres plus loin, son jeune coéquipier colombien passe à l'offensive avec plus de réussite. Seul Simon Yates s'accroche à sa roue. Le duo revient sur Warren Barguil puis le distance. Avec 2min07sec d'avance sur Julian Alaphilippe plus huit secondes de bonifications gagnées en basculant en tête au sommet, Egan Bernal parachève la remontada entamée la veille. Il est Maillot Jaune virtuel.
Étape annulée mais Maillot jaune gagné
Lorsqu'ils se lancent dans la descente, les coureurs ignorent que, quelques kilomètres plus bas la route est rendue impraticable après un violent orage de grêle entraînant également des coulées de boue. La direction de course leur demande de s'arrêter. L'état des routes ne permet pas de poursuivre la course jusqu'à Tignes. L'étape est interrompue. Les coureurs regagneront leurs hôtels à Val d'Isère en convoi.
Il n'y aura pas de vainqueur mais les temps pour le classement général seront pris au sommet de l'Iseran. Le Maillot Jaune d'Egan Bernal est désormais bien réel. Le jeune Colombien est en tête du classement général avec 45sec d'avance sur Julian Alaphilippe et 1min11sec sur le vainqueur sortant, son coéquipier Geraint Thomas.
L'anecdote du jour
Un prologue sans Maillot Jaune à l'arrivée
À l'inverse de la 19ème étape du Tour 2019, le prologue du Tour de France 1978 a bien eu un vainqueur mais aucun porteur du Maillot Jaune ne fut désigné à son issue.
Long de 5,2 kilomètres dans les rues de Leiden aux Pays-Bas, le prologue doit logiquement attribué le premier Maillot Jaune de l'épreuve. Ce jour-là, les conditions météorologiques sont exécrables. Les routes pas terribles. Beaucoup de coureurs ne veulent pas prendre le départ. Ils parlementent avec le directeur de l'épreuve, Jacques Goddet qui reste inflexible.
Le contre-la-montre est lancé. Hormis les néerlandais qui veulent faire le spectacle et rêvent d'endosser le premier Maillot Jaune de l'année à domicile, les autres coureurs roulent à allure réduite en signe de protestation. La victoire du Néerlandais Jan Raas est validée mais il est décidé de ne pas comptabiliser les temps des coureurs pour le classement général et donc de ne pas attribuer le Maillot Jaune. Le Néerlandais obtiendra réparation de belle manière dès le lendemain en levant un point rageur à l'issue d'un sprint victorieux.
