Échappée fleuve
Relativement plate dans sa première partie si font abstraction d'une côte de 4ème catégorie, la douzième étape du Tour de France visite ses deux premiers cols pyrénéens de 1ère catégorie. Ce profil donne de l'ambition à de nombreux coureurs distancés au classement général. Les attaques fusent de partout dès le départ réel donné. Il faudra attendre près d'une heure avant de voir se former un groupe d'échappés à l'avant. Ils seront trente-huit. C'est la plus importante échappée depuis le départ de Bruxelles.
Au pied du col de Peyresourde, Peter Sagan prend, comme à son habitude, le maximum de points du sprint intermédiaire avant de se désintéresser d'une course trop difficile pour lui. Déjà échappé la veille, Lilian Calmejane s'isole à l'avant de la course dès les premières pentes. Malheureusement pour le Français, le porteur du maillot de meilleur grimpeur, Tim Wellens revient sur lui en compagnie de son compatriote Serge Pauwels à quelques mètres du sommet. Les deux Belges basculent devant l'Albigeois dans la descente. Simon Clarke fait ensuite toute la descente à l'avant. Mais l'Américain est repris dès que la route se relève. Un duo composé de Simon Yates et Gregor Mühlberger entame l'ascension du col de la Hourquette d'Ancizan. Bientôt rejoints par Pello Bilbao, ils creusent leur avance sur leurs anciens compagnons d'échappés qui s'éparpillent au fil des kilomètres. Après une longue descente sans encombre, le trio se présente à Bagnères-de-Bigorre pour se disputer la victoire. Le Britannique, vainqueur sortant du dernier Tour d'Espagne, est également un habile pistard. Il manœuvre parfaitement pour dominer ses adversaires au sprint. Pello Bilbao prend la seconde place devant Gregor Mühlberger. Comme son ancien coéquipier, Caleb Ewan la veille, Simon Yates rejoint le club des vainqueurs d'étapes sur les trois grands tours.
Personne ne bouge
En laissant s'échapper un grand nombre de coureurs, l'équipe du Maillot Jaune s'est délestée d'une charge de travail importante. Avec assez d'avance pour se disputer la victoire d'étape, l'échappée ne comptait aucun coureur menaçant pour le classement général. Après une première heure de course à vive allure, le temps de faire la sélection des coureurs autorisés à passer la journée devant, le peloton adopte un train de sénateur. Il le conservera toute la journée. L'avance des hommes de tête est trop grande pour espérer aller leur disputer la victoire d'étape. Avec un contre-la-montre et deux étapes de montagne difficiles au programme des trois prochains jours, les principaux leaders du classement général préfèrent s'économiser. Aucune attaque ne viendra dynamiter cette étape placée sous le signe de la sagesse. Le peloton coupera la ligne d'arrivée 9min35sec après le vainqueur du jour.
27,2km l'après-midi
Unique contre-la-montre individuel de ce 106ème Tour de France, la 13ème étape est un passage obligé pour les principaux prétendants à la victoire à Paris. Avant deux étapes montagneuses et une troisième semaine qui s'annonce périlleuse dans les Alpes, les meilleurs rouleurs tenteront de reprendre le plus de temps possible sur leurs adversaires. Les moins bons tenteront de ne pas trop en perdre. Toujours en tête du classement général avec 1min12sec d'avance sur Geraint Thomas, Julian Alaphilippe va devoir se surpasser s'il veut conserver le Maillot Jaune une journée de plus. Son avance sur le vainqueur du Tour de France 2018 n'est ni trop faible, ni trop grande. Son niveau plutôt correct dans l'exercice chronométré et un parcours court de 27,2 kilomètres jalonné de quelques difficultés , peuvent avantager son dessein. Pour la victoire d'étape, Rohan Dennis, le Champion du monde en titre de la spécialité faisait figure de favori jusqu'à son abandon sur l'étape précédente. Vainqueur surprise du contre-la-montre lors du dernier Critérium du Dauphiné, Wout Van Aert pourrait en profiter pour s'offrir une deuxième victoire individuelle sur ce Tour. Julian Alaphilippe n'avait alors concédé que 59 secondes. Ça suffirait à son bonheur.
L'anecdote du jour
100 ans jour pour jour
C'est le 19 juillet 1919 à Grenoble que le Français Eugène Christophe endosse sans cérémonie particulière le premier Maillot Jaune de l'histoire du Tour de France. Alors que l'épreuve a déjà démarré depuis la fin du mois de juin, l'idée d'un maillot distinctif "afin de permettre aux sportsmen de reconnaître du premier coup d’œil dans le peloton des Tours de France le leader de notre grande randonnée" a été lancée quelques jours plus tôt dans le journal L'Auto par le directeur de l'épreuve et rédacteur en chef du journal, Henri Desgrange.
Elle a été inspirée par une équipe présente sur la course dont les assistants au bord des routes portaient tous la même tenue jaune pour être rapidement identifiés par ses coureurs de jour comme de nuit. Le choix de la couleur jaune fait écho à la couleur du papier jaune sur lequel est imprimé le journal L'Auto. Il faudra attendre encore plusieurs années avant que le Maillot Jaune devienne un symbole.